"Lire c'est voyager, voyager c'est lire" V.H.

samedi 14 juillet 2012

Au “coeur“ de la Téranga


Voilà, nous y sommes ! Une année à patienter avant de revenir en Téranga. Cette fois François et moi avons dû prendre l’avion pour atteindre la Casamance et Ziguinchor. Ah oui j’oubliais, ne cherchez pas sur une carte, la Téranga c’est l’autre nom du Sénégal et signifie « le pays de l‘hospitalité »
Arrivant à Dakar le 14 juin nous avons repris l’avion dès le lendemain pour Ziguinchor. En effet le ferry qui fait la liaison habituellement entre ces deux ports est en carénage. Nous ne serons donc pas cette année accompagnés par les dauphins en arrivant en Casamance.
Par contre l’avion va nous permettre de découvrir cette mangrove qui s’étale à perte de vue autour du fleuve Casamance. Spectacle magique que ces serpents liquides qui s’entrecroisent en s’infiltrent au sein d’une forêt de palétuviers.
Près de 40° à la descente de l’avion, nous nous y attendions mais tout de même, cela fait un choc. Premiers sourires partagés avec Pierre Marie, notre relais à Ziguinchor, qui nous accueille dès notre arrivée.
Nous retrouvons rapidement nos repères. Les lieux, les visages nous apparaissent presque familiers, c’et comme si nous étions partis la veille. Ziguinchor est une ville agréable, verdoyante, pas de grands immeubles, peu de circulation et la proximité du fleuve qui donne un peu d’air. De plus nous sommes en fin de période de saison sèche. La période « d’hivernage » va bientôt s’installer avec ses très fortes ondées qui déchire le ciel et envahissent toutes les rues de la ville, mais nous en sommes encore préservés. Seul regret, les colonies de cigognes et de pélicans n’ont pas encore installé leurs quartiers d’hiver. Pour se consoler nous pourrons admirer les flamboyants, ces grands arbres majestueux qui à cette époque de l’année colorent et fleurissent la ville de leurs teintes rouge sang.
Cette année nous allons cheminer dans de nombreux quartiers de Ziguinchor car François et moi voulons voir les 40 enfants accompagnés par Double Horizon à Ziguinchor ainsi que leurs familles, ce que nous n’avions pu faire que partiellement l’an dernier.
Chacune de ces rencontres sera un beau moment de partage, la Téranga porte bien son nom. C’est toujours pour moi une grande leçon et une grande émotion que de voir ces personnes fort démunies nous accueillir avec un large sourire, ne se plaignant jamais de leur situation parfois bien précaire. Ils ont de plus un très grand sens de la solidarité et de la famille (élargie). Bien souvent l’enfant que nous accompagnons a été recueilli par l’oncle, la tante ou un autre membre de la famille car orphelins de père et/ou de mère ou séparés de leurs parents, ces derniers travaillant dans de villages éloignés. Et cela leur semble tellement naturel…
Le plus souvent nous sommes reçus dans la cour que partagent plusieurs familles, parfois c’est dans la pièce unique qui sert de chambre-salon que nous nos regroupons pour échanger. Les discussions avec les enfants sont souvent un peu réduites (est-ce que la vue du toubab les intimide ?). C’est avec les parents que nous échangerons le plus et avec quel plaisir de les entendre nous compter leur quotidien, sans pathos, le sourire aux lèvres. Une certaine complicité s’installe bien souvent et ce sont de grands éclats de rires que nous finissons par partager.
Nous aurons aussi l’opportunité de retrouver Marie-Thérèse, étudiante de 24 ans que l’association accompagne depuis 10 ans. Que cela fait du bien d’entendre cette jeune femme nous expliquer qu’elle passe en 3eme année à l’université de Ziguinchor en Agroforesterie et qu’elle va prendre la spécialité Aquaculture ayant fait le constat suivant, je la cite  « je me suis rendue compte que le coût des poissons est élevé et les revenus familiaux sont moyens, compte tenu de l’apport nutritif de ces derniers on doit veiller à leur présence dans les foyers » no comment !!!
Un autre moment marquant a lieu à l’occasion des retrouvailles avec Charles Mingou le fondateur de l’école Marie Brigitte Lemaire. Le ‘’Vieux’’ comme l’appelle affectueusement et respectueusement ses enfants a été opéré l’an dernier d’une tumeur au cerveau. Celui-ci nous accueille pourtant avec une belle énergie et l’oeil toujours aussi vif et perçant. Nous échangerons longuement avec lui et Serge son fils. Le ‘’grand Charles’’ (là, c’est moi qui l’appelle ainsi) est toujours aussi déterminé à développer son école pour le bien des enfants de ce quartier bien pauvre de Ziguinchor. Là où je reste sans voix c’est lorsqu’il nous demande de remplir un bulletin d’adhésion à Double Horizon afin de faire partie des donateurs !!! Il nous remet un billet de 5000 FCFA précisant que le geste était sans doute symbolique mais important vis à vis du soutien à l’action de l’association aux enfants du Sénégal. J’avoue avoir eu la gorge particulièrement serrée et ce n’était pas à cause de la soif …
Cinq jours cela passe vite, très vite surtout lorsque ces belles rencontres se succèdent. Un dernier très beau moment fût l’occasion donnée de participer à l’anniversaire des 125 ans de la Cathédrale de Ziguinchor. Voir ces jeunes curés en grandes tenues, chasubles blanche immaculées, participer aux danses traditionnelles Diolla et faire la chenille au son d’amplis énormes et puissants installés sur la place, c’est quelque chose!
Pierre-Marie qui aura été notre guide tout au long de ces journées aura été d’une aide des plus précieuses. Nous aurons pu également constater combien son implication est forte auprès des enfants, des familles mais également auprès des responsables des établissements scolaires accueillant tous nos jeunes.
Retour à l’aéroport pour Dakar où 3 journées pour faire le tour de tous nos enfants et de nos jeunes ne seront pas de trop. Malheureusement nous ne retrouverons pas Abdourahmane notre relais sur Dakar, celui-ci ayant été missionné par Tostan une structure de l’UNICEF pour intervenir en Gambie durant notre venue. Nous effectuerons donc des points téléphoniques avec lui. Heureusement nous retrouverons Pape Sene le directeur de l’école Progrès Excellence qui nous guidera durant ces journées.
Dakar c’est l’anti Ziguinchor ! J’avoue ne pas être séduit par cette grande ville bruyante, encombrée, polluée. L’avantage c’est qu’il y fait moins chaud qu’à Ziguinchor (28° à notre arrivée mais 35° le jour de notre départ).
Le quartier de Dakar où nous intervenons est celui de Pikine/Guédiawaye. C’est un quartier très pauvre mais bizarrement beaucoup plus sympa que le centre de Dakar. Les gens y sont tranquilles, souriants et disposés à vous aider simplement pour rendre service.
Notre ‘’quartier général’’ sera l’école Progrès Excellence. Et quel accueil ! J’aime cette école où il y règne une joie assez communicative. Bien sûr durant les cours c’est très studieux malgré des classes variant de 35 à 50 enfants. Mais durant la récréation c’est indescriptible d’autant plus qu’il n’y a pas de cour de récréation, tout se passe dans les couloirs. Des sourires, des rires, des cris de joie, des chants, impossible d’avoir une conversation, d’autant plus que la plupart des enfants viennent nous serrer la main dans le bureau du directeur. Pour nous aussi ce sera la récré !!!
Comme à Ziguinchor nous voulons voir toutes les familles. Déambuler dans cette banlieue pauvre de Dakar c’est vraiment une expérience. Heureusement il fait beau et il ne pleut pas car là cela devient dantesque !
Et partout et toujours ce même accueil sourire aux lèvres, François et moi ressentons physiquement cette hospitalité, la Téranga est là !
Je pourrais conter chaque visite, chaque échange, chaque lieu car chaque rencontre est chaleureuse et enrichissante. J’en choisirais deux et ne m’en veuillez pas ce sont deux de mes chouchous. Tout d’abord Malik que nous retrouvons chez lui (habitat le plus pauvre que nous aillons côtoyé, vous imaginez) Malik est à présent un jeune garçon de 16 ans, il entre en 4eme. Bien sûr il est en retard mais la raison en est simple, il a découvert l’école que très tardivement. Il est vraiment sympa, ouvert, il s’accroche pour bien travailler. Je regarde son carnet et constatant qu’il est faible dans certaines matières (dictée et anglais) lui demande s’il ne pourrait pas travailler un peu ces matières le soir. Et là il me répond avec beaucoup de douceur que c’est difficile pou lui, il n’y a pas d’électricité chez lui …
L’autre rencontre ce sont les retrouvailles avec Aminata. Aminata, écrivain en herbe qui l’an passé nous avait fait cadeau de deux superbes poèmes. C’est une jeune fille de 18 ans que qui se présente à nous. Ce qui me frappe chez elle c’est tout d’abord son langage très châtié, posé, réfléchi. Elle nous fait part de son année scolaire, nous présente son très bon carnet de notes, nous dit ne pas être cependant satisfaite de son année, « les enseignants ont été longtemps en grève et les troubles liés aux élections ont été très perturbants. »
Enfin elle nous remet un long texte sur les évènements de l’année 2012 au Sénégal et la démocratie. C’est très émouvant pour moi dans ce contexte, dans ce lieu, face à cette jeune fille de recevoir ce présent. Je suis très fier d’Aminata, c’est une belle récompense pour François et moi et tous les donateurs de l’association. (Ce texte je vous le proposerais prochainement).
Je m’aperçois en relisant ces lignes que je suis injuste. Chaque enfant, chaque famille, chaque personne rencontrée durant ce séjour aurait eu droit à un petit mot de ma part. Qu’ils ne m’en veuillent pas, je ne les oublie pas.
Voilà nous sommes dimanche. François est parti pour deux jours à Saint Louis et ce soir je rentre à Paris. Cette dernière après-midi je décide de la passer à Gorée. Le bateau qui fait la navette est rempli de touristes sénégalais et de toubabs. Dès que nous accostons j’ai mon idée en tête, je prends une petite ruelle qui mène au nord de l’île, je retrouve une tonnelle ombragée au bord de l’océan, plus un visiteur à l’horizon, c’est le grand calme simplement perturbé par le bruit du ressac sur les rochers noirs ébène. Je peux me poser, sortir mon livre et jouir pleinement de ce moment précieux. Je revois tous ces visages, ces sourires et me dis que décidemment, j’ai bien de la chance.

mardi 24 mai 2011

Mission Sénégal, retour vers leur futur…

Lundi 9 mai 19h30, François et moi sortons de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar. Surprise, il fait moins chaud qu’à Paris ! Le taxi nous mène rapidement à l’hôtel Océanic (ancienne demeure de type colonial, rustique mais propre et bien située au centre de Dakar). Dès le lendemain matin c’est avec beaucoup de joie que nous retrouvons Abdourahmane Konaté notre relais sur la région de Dakar. Pas de temps à perdre, nous nous mettons au travail et préparons les 3 journées que nous passerons ensemble à notre retour de Ziguinchor. Nous profitons ensuite des 2 heures qui nous restent avant de prendre le bateau à destination de Ziguinchor pour nous replonger dans l’ambiance de Dakar. La capitale du Sénégal n’est pas ma tasse de thé, c’est bruyant, pollué, l’atmosphère est acre. Finalement nous rejoignons le bateau plus tôt que prévu, le port est plus calme et l’air bien plus respirable. La traversée est nickel ! La mer est d’huile et lorsque nous nous réveillons le lendemain matin, nous sommes déjà entrés en  Casamance sur le fleuve qui porte son nom. Nous sommes accueillis par les dauphins, trop classe ce comité d’accueil !
Sur le quai c’est Pierre-marie Coly, notre relais sur la région de Ziguinchor qui nous attend. Des retrouvailles toujours chaleureuses puis après avoir déposé nos affaires à l’hôtel, direction l’école du Saint Sacrement dont Pierre-marie est le directeur. Après un rapide briefing nous rejoignons L’école laïque Marie Brigitte Lemaire et la famille Mingou grâce à laquelle cette école existe et se développe. Après avoir visité quelques classes qui nous accueillent dans la joie et la bonne humeur, nous rencontrons les premiers enfants que l’association accompagne.  Comme nous le ferons durant tout notre séjour nous établissons le contact avec chaque enfant individuellement. C’est le plus souvent la timidité qui domine car il s’agit d’enfant de 8 à 10 ans qui de plus parlent Wolof chez eux et apprennent et pratiquent le français seulement à l’école. Serge Mingou et Pierre-Marie nous décrivent les situations de familles et conditions de vie extrêmement précaires et difficiles de chacun de ces enfants (orphelins, abandons, chômage, …). Il est évident que sans le soutien de Double horizon ces jeunes n’iraient pas à l’école et rejoindraient les enfants des rues avec toutes les conséquences associées. L’après midi et les deux jours suivants nous auront l’opportunité de rencontrer tous les enfants accompagnés, la plupart des écoles dans lesquelles ils étudient mais également bon nombre des familles. Je retiens de ces rencontres les termes : accueil, pudeur, respect, sourires dans chaque famille. Pendant que François questionne, s’informe sur les résultats du jeune, sur la situation de la famille, je tente de prendre le maximum de notes. Les échanges sont toujours trop courts. Concernant les établissements scolaires ce qui me frappe le plus c’est le nombre d’enfants par classe (de 40 à plus de 60 élèves), la joyeuse ambiance lorsque les élèves nous voient arriver, nous les ‘’toubabs’’ (les blancs) mais en même temps la discipline qui y règne hors de notre présence. Cependant le temps est compté, les échanges avec les directeurs d’écoles ainsi que les instituteurs et institutrices pourraient se prolonger par curiosité et plaisir partagé. Nous devons encore aller visiter l’alliance française pour apprécier l’intérêt qu’il y aurait à payer les frais d’inscription de certains jeunes à la bibliothèque de cet établissement. Surprise, c’est une très belle structure construire sur le principe de la case à impluvion. C’est un bel exemple de fusion entre culture sénégalaise et culture française, Chapeau !
Au contraire de Dakar je me sens bien dans cette ville plus tranquille, plus aérée même si la plupart de nos rencontres se font dans des quartiers très pauvres de Ziguinchor. Mais voila le temps presse nous devons rejoindre Vélingara qui se situe à plus de 300 kilomètres à l’est de Ziguinchor. C’est avec une certaine appréhension que nous retrouvons notre cher Taxi brousse. Après une heure d’attente à la gare routière nous partons car le taxi est enfin plein. 7h30 après et 3 contrôles de police plus tard nous arrivons à destination vers 17h. Nous retrouvons avec moultes effusions Aliou Diao notre relais local. Et c’est la course qui commence car à peine arrivés nous allons à la rencontre des jeunes dans leurs familles. En effet nous pensions repartir le lendemain vers 13h et Aliou nous met en garde c’est à 7h du matin qu’il nous faudra repartir pour être certain d’avoir un taxi brousse ! C’est donc au pas de charge que nous naviguerons de famille en famille. Là encore et toujours de très belles rencontres, notamment cette mère veuve avec ces deux grands fils, l’un en terminale l’autre en 3eme en que nous surprenons dans la cour de leur demeure en train d’effectuer leurs devoirs et cette envie manifeste qu’ils expriment avec beaucoup d’humilité de réussir leurs études pour leur mère. Après un très bon dîner dans une petite maison faisant office de restaurant et une grosse coupure de courant nous rentrons fourbus à l’hôtel (peut-être le seul de Vélingara).
Et c’est le retour sur Ziguinchor, cette fois ci notre chauffeur ne traîne pas, il a du faire le Paris /Dakar ! Nids de poules, vaches, mules, camions, piétons, tout ce qui se présente sur la route est évité avec dextérité et quelques sueurs froides. 6 heures après nous sommes de retour à Ziguinchor. Nous profiterons de cette ‘’escale’’ à Ziguinchor pour avoir un dernier rendez-vous et ce sera avec Marie-Thérèse qui a été accompagnée durant de nombreuses années par Double horizon. Elle est à présent en 1ere année Agro Foresterie à l’université de Ziguinchor et se spécialisera l’an prochain en  bio
Et c’est le retour sur Dakar. Après une nuit plus agitée sur le bateau, nous accostons au petit matit dans la capitale sénégalaise. Nous nous donnons dans la foulée rendez-vous avec Abdou (Mr Konaté) dans le quartier pauvre de Guédiawane et à nouveau allons à la rencontre des familles. Ainsi durant 3 jours nous arpenterons les rues des ces quartiers bouillonnants de vie mais aussi de pauvreté et d’une certaine insalubrité. 3 souvenirs marquants me reviennent en mémoire. Tout d’abord là où habite Malik que nous avions rencontré l’an dernier et qui est hébergé chez sa tante (c’est un enfant abandonné) dans une cour avec une seule pièce et qui fait face à un terrain vague rempli d’immondices. C’est dur et pourtant Malik sourit. Le deuxième souvenir c’est cette école ‘’Progrès Excellence’’, qui accueille près de 300 enfants de ces quartiers. Son directeur qui nous reçoit avec chaleur l’a créé il y a 10 ans les classes sont bien organisées et c’est un beau chahut lorsque sonne l’heure de la récréation. Le feeling passe et nous accueillons avec beaucoup d’enthousiasme les dossiers de nouveaux jeunes à accompagner. Nous retournerons d’ailleurs les voir dans leur famille dès le lendemain. Le troisième souvenir c’est Aminata. Nous avions déjà rencontré Aminata l’an dernier et elle nous avait frappé par son intelligence, son langage extrêmement châtié, son ambition de devenir écrivain. Et je la retrouve égale à elle-même, grand sourire, toujours de très bonnes notes et cet amour de la littérature. Nous discutons et soudain Aminata ôte deux feuilles du carnet quelle avait dans les mains et me les remet. Ce sont deux très beaux poèmes que je tente de lire à haute voie mais l’émotion me prend et je ne peux terminer.
Avant de partir, François et moi nous autorisons une escapade sur l’ile de Gorée tristement célèbre. C’est le soir, tout est calme et paisible. Seuls, nous visitons avec recueillement la maison des esclaves. Difficile de s’imaginer que prêt d'un million de femmes, d’hommes et d’enfants a transité par ce lieu pour servir d’esclaves dans le nouveau monde et ailleurs.
Voilà il va falloir se quitter. Encore quelques grandes parties de rires avec Abdou avec lequel je me sens très complice, une dernière Gazelle (la bière) au bar de l’hôtel, un dernier bilan avec François, nous sommes à la fois tristes et contents. Contents d’avoir mené cette mission comme nous le souhaitions avec 80 jeunes que nous allons accompagner cette année contre un peu plus de 60 l’an dernier, content et enrichis de toutes ces très belles rencontres et un peu triste de quitter, Abdou, Pierre-marie, Aliou et tous ces jeunes. Vivement notre retour vers leur futur prochain.

mardi 29 mars 2011

Impressions au soleil Birman


Voilà, c'est le retour à Paris! Après 17 heures de vol et 3 avions successifs je retrouve, la tête un peu dans le brouillard, mes repères habituels. Une semaine se passe, je regarde les photos prises en Birmanie par Raymond, Muriel, Nicole, Monique, Annie, Martine et moi-même et là d'énormes flashs se succèdent et  m'envahissent. Tout d'abord tous ces sourires de toutes ces personnes que nous rencontrons durant notre trek un peu court de 3 jours. Daniel notre guide français nous avait encouragé à apporter des paires de lunettes ainsi que des loupes afin de les distribuer aux personnes que nous rencontrerions qui en auraient besoin. Idée géniale (nous n'y avions pas pensé plus tôt et le regrettons en coeur) car outre le fait que cela présente une utilité évidente, cela nous a permis de rentrer très facilement en contact avec les villageois dans des contrées bien reculées. Ce furent de très beaux échanges avec beaucoup de rires et de sourires. Mêmes les plus timides et les plus réservés, hommes ou femmes, jeunes ou plus anciens se prêtèrent au jeu ce qui contribua largement à créer des ambiances magnifiques.
Le plus difficile était de se quitter car bien que ces villageois soient très démunis ils tenaient absolument à nous faire des présents, du sucre, du thé et racines de gingembre, des fleurs voire à partager leur repas .... Se rendaient-ils compte que le plus beau cadeau qu'ils nous faisaient c'était leur regard, leurs rires et la chaleur humaine qui émanait d'eux ?
Je ne souviens de cette filature de coton sur le lac Inlé où de petites ''vieilles'' le corps recourbé comme leurs mains, le regard interrogateur, ont commencé à tester les loupes que nous leur proposions en tentant de lire la page d'un prospectus ou tout simplement en regardant leurs mains usées par le travail et par le temps.Et soudain ce sourire qui prend forme, le regard qui s'illumine, devient malicieux et complice, génial !
Durant le trek nous logions dans des monastères. Chaque jour l'accueil était différent mais toujours bienveillant. L'ambiance était étonnante car au milieu de ces grandes salles trônait l'autel ou les autels avec toujours Bouddha en majesté et clignotant avec des éclairages très kitchs. Nous faisions nos salutations d'usage au moine ''père'', assis , les mains jointes pleins de déférence. Le soir nous nous couchions, les hommes d'un coté, les femmes de l'autre. Un soir nous étions allongés sur notre paillasse bien ferme et la télé fut allumée de l'autre coté de la pièce, de ce fait tout le village s'installa afin de regarder ce que nous avons supposé être ''plus belle la vie'' façon birmane. Pendant ce temps le moine faisait ses ablutions dans un coin de la pièce. Le lendemain Daniel nous expliqua que le générateur d'électricité avait été mis en route car des visiteurs étrangers étaient présents et que le village avait profité de cette occasion pour allumer la petite lucarne.
Le jour suivant autre monastère et autre ambiance avec les ''douches'' en plein air, le seau d'eau bien vivifiant et cette nonne merveilleuse et pleine d'attention qui se pliait en quatre et courait partout afin de rendre notre séjour le plus agréable possible. De cette femme cheveux rasés se dégageait une grande beauté et beaucoup de noblesse. Le lendemain les adieux furent émouvants et un peu difficiles.
Il y eu également cette dimension mystique qui transpire en permanence en Birmanie. Où que le regard se pose, il rencontre la couleur terre de sienne brûlée, orange ou rose pâle du ''Kesa'' d'un moine, d'une nonne ou d'un novice. Un stûpa, un temple, un monastère ou bien entendu la figure emblématique de Bouddha surprennent notre regard dans les plaines, sur les collines, dans chaque village, dans les villes à chaque croisement. 500.000 moines exercent en Birmanie nous précise Daniel, autant que de militaires de la junte... Le respect des birmans pour ces derniers (les moines!) est flagrant et m'en impose.
Daniel va nous conter  avec moultes détails et anecdotes l'histoire du bouddhisme, de Siddharta Gautama et de ses enseignements. J'y suis personnellement sensible car bien que profondemment agnostique il se dégage pour moi de ces enseignement beaucoup de tolérence, d'humanité, de poésie.
Certains saturent un peu dans le groupe des explications de Daniel, il faut dire qu'il est intarissable sur le sujet!
Mais me direz vous, tu  parles peu du paysage , des sites visités, alors quoi ? Effectivement pour moi la Birmanie ce fut d'abord et avant tout une ambiance, ces rencontres et  l'omniprésence de Siddharda mais ce serait injuste de ne pas évoquer au moins deux sites, le lac Inlé et Bagan.
le lac Inlé c'est pour moi l'image cette multitude de villages lacustres sur un lac immense entouré de montagnes, ces pécheurs qui manient leur pagaie avec leur pied semblant ainsi effectuer une danse lente et répétitive, ces villageois qui vivent grace à la culture de jardins flottants, au travail de filature, à la fabrication de cigares et partout et toujours ces sourires, ces petits signes amicaux. Ce fut aussi ce déjeuner au bord de l'eau entouré par une forêt de stupas. Mais le véritable choc ce fût Bagan. Voir Bagan et mourir pourrait-on paraphraser. Le plus émouvant ce fut ce petit matin où levés dès 5 heures nous enfourchons nos vélos pour assister au lever du soleil du haut d'un temple. Le temple retenu par Daniel ayant une pente très raide c'est avec une extrème précaution que je gravi les marches car je sens que le vertige est là et mes pieds doivent être chaussés de semelles de plomb.
Arrivé en haut je me colle contre la paroi, reprend doucement mes esprits et prends conscience progressivement du paysage qui m'entoure. Quel spectacle qui s'offre à moi ! Petit à petit l'obscurité fait place à la lumière. Des centaines et des centaines de temples, de stûpas et ce au milieu d'une nature préservée se découvrent, c'est véritablement magique. En une minute le soleil a fait son apparition. "Et dire que c'est nous qui tournons autour" m'entends-je dire.
Je redescend le premier pressé de retrouver la terre ferme et là l'émotion me prend. Je suis seul, j'ai envie de pleurer, c'est trop beau! Mon regard est attiré par un autre temple et malgré le vertige je ne peux m'empécher d'y gravir pour jouir à nouveau de ce merveilleux spectacle et tenter d'imprimer en moi ces quelques instants.
Voilà je suis un privilégié qui a eu la chance de partager avec Martine et  quelques proches des moments privilégiés alors vraiment oui  'Plus belle la vie !'.

P.S.
Vous voulez en savoir un peu plus sur la vie de Siddharta Gautama le Bouddha Historique, l'Eveillé, cliquez sur l'onglet "Moi Bouddha" et vous trouverez un résumé de l'ouvrage de Roger Freches.
Bonne lecture

vendredi 22 octobre 2010


Missions Sénégal

Une école et un puits !!!
Ce sont à mon sens les deux nécessités incontournables pour qu'un avenir soit envisageable dans les différents villages que nous avons pu traverser au cours de nos différents treks en Afrique ou en orient. Lorsque Daniel Cand, responsable de Double Horizon, m'a proposé de participer à une mission au Sénégal je n'ai pas hésité bien longtemps. En effet cette association se propose d'accompagner par le financement de leurs études (inscription et scolarité) des élèves de tous ages (du CP au niveau licence) dont la situation familiale ne leur permet pas d'assumer cette charge.
C'est donc le 5 septembre que je retrouve François Hanet, chef de la mission, et que nous nous envolons pour Dakar via Madrid.
Comme souvent en Afrique la descente de l'avion s'effectue sous une douce chaleur bien moite (c'est en effet la période d'hivernage, période de pluies soutenues ...). Dès l'arrivée nous nous sentons tout de suite dans le bain (au bout de 2kms le taxi tombe en panne d'essence et nous attendons une demi-heure le bidon d'essence providentiel. De plus arrivé à la chambre d'hôte tenue par un marseillais fort sympathique une seule chambre est disponible au lieu des deux prévues ...).
Dès le lendemain nous partons en taxi brousse destination Ziguinchor situé 450 kms au sud de Dakar.
Pour ceux qui ne connaissent pas le taxi brousse, il s'agit d'une Peugeot 504 break des années 18.. dans laquelle nous nous entassons à 7 (sans compter le chauffeur) et qui effectue le trajet à la moyenne de 50kms/heure (vu l'état des routes et du taxi) et ce dans un confort tout relatif et sans pose pipi!
Malgré cela chaque passager observe la plus grande discretion en prenant bien soin d'être le moins possible une gène pour son voisin.
Arrivés à bon port nous sommes accueillis par Guillemette (qui effectue ce type de mission depuis 4 ans et dont nous sommes appelés à prendre la succession). Rendez-vous est pris pour le lendemain à l'école où Pierre-Mary Coly son directeur et notre relais sur place nous accueillera.
Cette école privée confessionnelle "école du saint sacrement" accueille près de 1000 élèves dont 700 musulmans et 300 catholiques. Après une visite des locaux nous y rencontrerons certaines de familles que nous accompagnerons (15 élèves du CM2 à la seconde du lycée).
Nous y faisons également connaissance d'Aliou Diao jeune instituteur très sympathique qui est notre relais à Vélingara petite ville située à plus de 200kms de Ziguinchor à la pointe est de la Casamance. Nous n'aurons pas le temps de nous y rendre à l'occasion de cette mission mais nous nous engageons auprès d'Aliou d'y aller lors de notre prochaine mission pour rencontrer les familles et les 21 enfants accompagnés, tous scolarisés dans une école publique. Nous y faisons également connaissance de Mr Konate relais Dakar et Sénégal enseignant et consultant à Tostan une ONG qui travaille avec l'UNICEF dont je reparlerais un peu plus loin car c'est un personnage très, très attachant.
Le lendemain c'est une autre école que nous visitons, privée mais laïque cette fois et nous y découvrons un personnage étonnant voir envoûtant Mr Mingou qui a créé cette école il y a près de 10ans en commençant par construire sur son propre terrain 3 classes. Cette école "Marie Brigitte Lemaire" se situant dans le quartier le plus démuni de Ziguinchor, c'est à la demande express des habitants que celle-ci a poursuivi son développement pour y accueillir aujourd'hui plus de 300 élèves !!!. Malgré un état de santé rendu très précaire par un AVC survenu en juin dernier, Mr Mingou qui doit avoir plus de 70 printemps, nous compte avec force et passion son odyssée et la passion qui l'anime. Cette rencontre est pour moi remplie d'émotion et de gratitude. Cette fois nous allons à la rencontre de certaines familles accompagnées. C'est avec beaucoup de chaleur et de gentillesse que nous sommes reçus et que nous pouvons échanger avec les enfants et leurs projets. Je peux enfin me rendre compte en "live" de l'intérêt que peux représenter notre démarche et de la détermination de ces jeunes à apprendre. Nous n'avons pas pu échanger avec les 15 jeunes soutenus car le temps est compté et certains sont indisponibles.
Après une bonne nuit de sommeil, nous passons avec François une partie de la matinée à effectuer le compte-rendu de nos rencontres. Nous sommes par moments distraits par le vol des cigognes et des pélicans innombrables qui passent juste au dessus de nos têtes, c'est magnifique.
Après une dernière visite auprès de Pierre-Mary Coly nous nous offrons une demi-journée de tourisme et visitons sur une pirogue d'aspect bien précaire (François me fera remarquer au retour de cette excursion une faille dans la coque qui ne cessait de s'agrandir ...) l'ile aux oiseaux spectacle magnifique d'une multitude d'espèces que nous pourrions toucher si nous tendions le bras (cigognes, pélicans, aigrettes, cormorans, ibis sacrés, ...) c'est un véritable feu d'artifice d'oiseaux auquel nous assistons.
Mais nous devons repartir sur Dakar et cette fois pas question de remonter en taxi brousse, nous prendrons le bateau. François me fera remarquer que 5 ans plus tôt le précédent navire "le Diolla" faisant la traversée Dakar/Ziguinchor avait sombré avec plus de 1500 personnes à bord en en faisant ainsi la plus grande catastrophe maritime de tous les temps. Bien triste record.
Cette fois tout se passe pour le mieux malgré une mer un peu houleuse mais un coucher de soleil exceptionnel. Nous y faisons connaissance sur le pont de Monique qui vit en Casamance pour une ONG depuis 4 ans et qui, très érudit nous compte l'histoire mouvementée de cette très belle région. Des dauphins viennent nous saluer en nous accompagnant par des bonds durant un bon quart d'heure, magique!!!
Arrivés le lendemain matin au port de Dakar nous y retrouvons Monique qui nous sera d'une grande utilité car n'ayant pu joindre Guillemette (partie avant nous par taxi brousse à Dakar , elle ne supporte par le bateau ayant le mal de mer et mettra 16h pour faire le trajet) nous n'avons aucune idée où poser nos valises.
Enfin nous retrouvons Guillemette et Mr Konate qui nous donnent rendez-vous dans un quartier où nous allons rencontrer 5 des 11 élèves que nous soutenons sur Dakar. Mr Konate, Abdourahmane pour les intimes, Abdou pour les très intimes travaille à Tostan une ONG qui travaille avec l'UNICEF, ce qui lui permet d'être informé des situations les plus délicates et de visiter les endroits où le besoin d'aide est sans aucun doute le plus pressent. Abdou a le regard malicieux, séducteur et plein d'humour mais en même temps très profond qui dissimule ses douleurs sous un sourire constant. Grace à lui nous rencontrons de jeunes étonnement mûrs et pleins d'envies, je n'ai pas dis d'ambitions. Si je devais évoquer une seule rencontre ce serait celle effectuée avec Aminata. Elle vit dans ce quartier très pauvre avec ses parents ses frères et soeurs à 10 dans une pièce. Aminata a 15 ans, elle nous montre ses carnets , elle est première de sa classe avec des 18 et 20 à peu près dans toutes les matières (je dis à ses parents que je suis un peu jaloux car je n'ai jamais eu un tel carnet). Elle m'explique avec un phrasé parfait et un regard franc, direct, même pas intimidée, qu'elle lit beaucoup et compte devenir écrivain. Je lui demande où elle trouve à lire et elle m'explique qu'elle se rend régulièrement à une bibliothèque pour y emprunter des livres. Lorsque qu'elle me précise qu'elle aime particulièrement la poésie, là je suis scié!!! Rappelons nous son nom Aminata Sonko, nous pourrions en entendre parler dans quelques temps à l'occasion de la rentrée ...littéraire.
Le lendemain Abdou avait prévu d'autres visites mais malheureusement la pluie s'est mise à tomber dru ce qui a rendu certaines routes impraticables nous interdisant ainsi l'accès à ces familles. Nous retrouvons cependant Abdou et Guillemette pour finaliser les contrats de soutien sur Dakar. C'est également le jour des au revoir avec Abdou et Guillemette, celle-ci rentrant sur Paris le soir même, Abdou restant sur Dakar et François et moi partant dès le lendemain pour le Nord du Sénégal. La mission Double Horizon se termine, une autre va débuter.
François est 1er adjoint à la mairie d'Enghien et une classe de seconde d'un établissement scolaire de cette ville a monté avec l'un de ses professeurs un projet humanitaire. Ce projet consiste à construire et équiper une salle multimédia à Fanaye petite ville (plutôt gros village) situé à 220kms au nord est de St Louis du Sénégal, tout près du fleuve Sénégal. Venant au Sénégal François s'est proposé d'aller rencontrer sur place les différents relais et m'a proposé de l'accompagner.
Et c'est reparti pour le taxi brousse !!! Un peu plus de 400 kms à parcourir en changeant de taxi à St Louis. Toujours le même confort et l'espace entre les genoux et le menton réduit à une peau de chagrin. A Dagana où nous quittons notre taxi, nous retrouvons Mamadou responsable du projet sur place qui nous accueille dans une 407 équipée de la clim, le bonheur pour effectuer les 70kms qui nous restent à parcourir pour rejoindre Fanaye. Après quelques instants de repos Mamadou nous explique que nous sommes attendus au village. Nous nous y rendons donc et à notre grande surprise c'est tout le village qui nous attend, plus de 200 personnes rassemblées qui nous accueillent sous la musique et les applaudissements. Tous les notables sont réunis, nous les saluons et sommes installés à la place d'honneur S'en suivent moult discours et François un peu pris au dépourvu est obligé d'en improviser un dont il s'en sort très bien. Suivent chansons et scenettes de la troupe de theâtre local et dont le thème est l'apport de l'informatique dans la poursuite des études, bien vu et message reçu!!!
Tout ceci est charmant et bien que lessivés par le voyage et la chaleur nous poursuivons la soirée autour d'un plat de mouton dégusté en commun tard dans la nuit. J'admire en même temps le spectacle exceptionnel de ce ciel étoilé où la Voie Lactée nous apparaît comme une évidence.
Le lendemain ce seront 5 villages en périphérie de Fanaye que nous aurons le plaisir de visiter avec toujours ce même cérémonial mais également et surtout la visite de classes se résumant parfois à quelques branchages recouvert de feuilles afin de protéger les enfants du soleil (mais pas de la chaleur). Je suis en particulier touché par l'accueil de ces femmes qui nous suivent lorsque nous nous rendons vers une classe en tapant des mains et lorsque j'esquisse quelques pas de danse elles se mettent à rire et à taper des mains de plus belle. C'est peut-être cela le vrai sens du mot "communier".
Beaucoup d'images me reviennent en évoquant ces moments, l'un des plus forts est sans doute cette rencontre avec Adia Ndiaye. Il s'agit d'une jeune femme d'une trentaine d'année, assez jolie ma foi, et qui est la sage femme de Fanaye. Elle a tenu à nous faire visiter le centre de santé de ce village et je suis impressionné par le peu de moyens dont elle dispose. Et pourtant elle y arrive, bien même très bien avec les moyens du bord. C'est une femme remarquable et je me dis que Fanaye a bien de la chance de s'attacher une telle perle.
Ce deuxième soir se termine par une réunion de travail au sein de l'hôtel communautaire (mairie) où nous évoquons et traçons les points à lever afin que le projet de salle multimédia devienne réalité. Cette réunion se clôt par une remise de présents à François et moi-même. Nous sommes à la fois émus et gènés de toutes ces marques d'amitiés mais nos hôtes souhaitent ainsi nous exprimer leur gratitude au fait que nous ayons pris le temps de venir à leur rencontre depuis Paris.
Cette fois c'est la dernière ligne droite. Après une dernière soirée passée à échanger avec une dizaine d'étudiants de Fanaye (poursuivant tous de brillantes études à St Louis ou Dakar)nous partons le lendemain pour St Louis où nous y passons une demi-journée de tourisme.
l'Ile Saint Louis a le charme des anciennes cités coloniales avec ses belles maisons aux balcons en fer forgé omniprésents, et puis il y a ce fleuve majestueux qui prend toutes ses aises avant de se confondre dans la mer. Ce qui m'a le plus surpris c'est cette plage immense remplie de jeunes qui jouent au foot ou se baignent dans la mer on se croirait à Rio. Bien entendu on admire le pont Faidherdes et l'hôtel où les pionniers de l'Aéropostale faisaient escale avant le grand saut au dessus de l'atlantique, celà me remémore "vol de nuit", Mermoz, Saint Exupéry, Latécoère. Mais pour notre retour sur Dakar Point de "Spirit of saint Louis" non c'est le taxi brousse qui nous attend pour une dernière épreuve (j'allais écrire: une derrière épreuve).
Dernier petit tour dans Dakar, au revoir Pierre-Marie, Aliou, Abdou, Amineta, Mamadou et tous les autres, c'est promis nous reviendrons et cela nous fera tellement plaisir de vous retrouver l'an prochain.



Le Bénin c’est ‘’tourustique !’’


Dès l’arrivée à Cotonou, c’est le choc. Nous sortons de l’avion et entrons dans un four ! C’est chaud, très chaud et humide. Il va falloir s’y habituer ! Heureusement Armand notre guide est là tout sourire et nous conduit dans le mini bus « Renault Master » qui nous servira de « diligence » mais pas toujours avec diligence, durant ces deux semaines. Premier contact également avec notre chauffeur Saïd, le sourire franc, les yeux noirs, profonds, attachant.
Premier « hôtel » pas terrible, rustique, très rustique ! Mais après tout nous y sommes dans l’Afrique authentique. Le lendemain après un long passage à la banque pour le change, nous remontons vers le Nord. Heureusement car l’air de Cotonou est vraiment âcre et prend très rapidement à la gorge. Il nous faudra 10 heures pour rejoindre Natitingou à près de 550 kms de Cotonou.
Heureusement en chemin nous découvrons la Béninoise avec sa couleur ambrée, cette merveilleuse sensation lorsque l’approchant de nos lèvres on perçoit son parfum et puis cette douceur infinie lorsque notre bouche en est emplie. Je parle bien entendu de ce breuvage appelé « bière ». Nous faisons également en cours de route le plein d’ananas succulents qui nous serviront de dessert durant tout le Trek (sauf pour Raymond, il déteste l’ananas !)
Le soir même rencontre avec Alain qui sera le guide de ce trek. Le lendemain, c’est parti. Les porteurs sont au rendez-vous. Nombreux, jeunes discrets et efficaces ils prennent en charge le lourd, nous nous occupons du léger et de l’eau, surtout de l’eau.
Premières rencontres avec le peuple Somba et leurs Tatas (pas de confusion SVP, il s’agit de l’habitat traditionnel des Sombas). Ils nous regardent avec curiosité, prudence et retenue. Ils vivent dans le plus grand dénuement et j’éprouve une certaine gène à fixer sur la pellicule ces visages typés, marqués mais magnifiques. Les enfants sont eux souvent plus joueurs et les plus audacieux se prêtent rapidement au jeu de la photo et posent avec un grand sourire.
Belle surprise et beau spectacle à l’approche d’un village. C’est la fête car la récolte a été bonne. C’est la foule, ça chante, ça danse et joue de la musique. Nous sommes ravis et avons du mal à quitter cette ambiance très chaleureuse. Mais notre guide nous rappelle gentiment à l’ordre « on évolue !» assène-t-il et nous poursuivons notre chemin sous une chaleur accablante.
Autre surprise et là je suis sidéré ! Des enfants sortent de l’école et passant devant nous, ils nous saluent un à un en croisant les bras. Nous sommes à mille lieux des amas d’enfants de certains pays ou de l’indifférence régnant dans nos contrées dîtes civilisées. Cadeaux, stylos (ils n’avaient rien demandé), photos, « on évolue » nous rappelle Alain.
Encore une surprise, deux chasseurs un avec en bandoulière un fusil d’un autre temps, l’autre muni d’un arc et de flèches dont certaines sont empoisonnées ! Décidement on a bien fait de venir ! Que du brut, de l’authentique !
Premier soir à la cascade (petite) mais de l’eau ! Fraiche et qui s’écoule doucement en alimentant un petit plan d’eau où nous nous plongeons avec délectation malgré les recommandations de Monique qui nous explique toutes les maladies que nous pourrions attraper mais qui fini par nous rejoindre !
Les trois jours suivants seront ponctués d’autres belles surprises : Ce point de vue immense de la falaise que nous descendrons avec la plus grande prudence puis que nous remonterons un peu plus loin le soir (une montée de plus d’une heure très hard !) pour aller chez « Parfait » boire la meilleure bière qui n’ai jamais coulé dans mon gosier assoiffé (et je ne suis pas le seul à le penser).
Grosse frayeur en redescendant car Laurence et Walter sont perdus avec leur « guide » dans les éboulis ! Ce n’est que plus d’une heure après notre retour qu’ils nous rejoindrons bien fatigués et bien éprouvés.
J’ai aimé cette rencontre avec les enfants d’une école perdue au fin fond de la savane mais qui comporte plus d’une centaine d’élèves. Et toujours cet accueil, tous en cœur pour nous saluer. C’est touchant et ça prend aux tripes.
J’ai aimé cette pause dans un village togolais où le maçon de ce lieu tentait de négocier avec Raymond l’échange de Muriel avec des têtes de bétail ! Crises de rires, photos, le pied quoi !
J’ai aimé ces enfants qui dans le village d’Alain (notre guide) regardaient avec discrétion et chuchotaient pour ne pas me déranger tout en scrutant le dessin que je tentais de d’effectuer.
J’ai aimé leurs sourires et leurs yeux ébahis lorsque nous avons imprimé les photos que nous venions de prendre.
J’ai aimé cette soirée où tout le village s’est réuni autour de nous pour assister aux danses traditionnelles proposées par l’association locale. J’étais subjugué par ces corps qui dansaient au rythme d’instruments dont j’ai totalement oublié les noms. Ces jeunes hommes et filles à peine pubères dont les formes se dessinaient dans la nuit à la seule lueur d’une lampe à pétrole, c’était magnifique et magique.
Et puis ce fut le retour à Natitingou et la descente sur Abomey. Je vous passe les péripéties du voyage, pneu crevé, pneu de secours rechapé explosé après quelques kilomètres, lame d’amortisseurs ayant envie de se faire la malle, courroie de ventilation qui elle, se fait la malle. Aucun problème ! Saïd est là stoïque ! il va, il vient, dessus, dessous (surtout dessous) il bricole, répare et ça repart !
A Abomey visite du musée (à voir) puis direction Ganvié et là encore un très gros choc, une ville sur pilotis ! 35000 personnes vivent sur l’eau, c’est énorme ! nous y dormirons (enfin nous essaierons ) mais quel spectacle ces pirogues qui glissent sur l’eau dans le plus grand silence (tout relatif because le générateur de « l’ hôtel »qui veut absolument nous faire comprendre qu’il fonctionne). Toute cette vie en permanence sur l’eau est fascinante et dès 4 heures du matin je m’installe pour le spectacle (de toute façon la chaleur est telle qu’il m’est impossible de dormir) .
C’est à regret que nous quittons Ganvié, direction Grand-Popo en passant par Ouida où nous prendrons un peu plus conscience du sort réservé aux esclaves destinés à servir de bête de somme outre atlantique. C’est émouvant, même si le guide local trop gourmant nous prend la tête mais ignorait qu’il était tombé sur un os de taille appelé Raymond !
Enfin nous voici à Grand-Popo le long du golfe de Guinée pour la dernière étape de notre séjour. Un peu de farniente, on apprend à notre guide à nager, on se ballade dans la « bouche du roi », on se baigne avec prudence dans l'océan atlantique à 27°, c’est cool.
Une dernière très belle rencontre nous attend. C’est dans un village de pêcheurs que nous partagerons de belles émotions. On est invité à gouter leur repas, on tire avec eux en rythme et en chants syncopés leur filet qui est installé en mer à près d’un kilomètre de distance. On prend des photos, on les tire, on s’amuse ensemble, c’est génial !
La dernière après-midi à Cotonou est réservé aux achats de souvenirs et après un dernier déjeuner très sympa dans un maquis puis un diner moins sympa dans un restaurant, direction l’aéroport. Adieux trop rapide à Armand notre guide et surtout à Saïd notre chauffeur auquel je n’ai pas le temps d’exprimer l’affection que j’ai pour lui. Dommage !
Alors le Bénin, oui c’est « tourustique », c’est authentique, c’est parfois éprouvant mais tellement attachant


Laos, je me souviens …

Je me souviens de mon impatience à découvrir ce pays un peu énigmatique.
Je me souviens du premier jour de trek, de ce matin ou dans une brume encore épaisse nous cheminions au milieu des rizières en terrasse.
Je me souviens de ce soleil plutôt bienveillant qui commençait à pointer au dessus de nos têtes et qui progressivement nous réchauffait.
Je me souviens de ce premier contact avec ces trois femmes assises à l’abri d’un grenier à riz. Etaient-elles Ko, Lao ou Kamu je ne m’en souviens plus. Je me souviens qu’elles étaient incroyablement dignes et parfaitement en symbiose avec leur environnement dans ces tenues traditionnelles aux couleurs vives et pleines de grâce. Ce fut le premier choc.
Je me souviens de cette longue marche sous un soleil radieux et dont la destination était cet incroyable village perché le haut d’une colline.
Je me souviens de tous ces gens qui nous entouraient. Ils semblaient aussi curieux de nous voir que nous de les rencontrer, et notre envie de fixer leurs visages sur la pellicule n’avait d’égal que l’intensité de leur regard leur permettant sans doute à chacun de fixer ces instants dans sa mémoire.
Je me souviens de ces sourires et de ces rires lorsque nos échangions sur la signification de certains mots dans nos langues respectives : le nez, la bouche, les oreilles, que de rires partagés !
Je me souviens de cette jeune fille et de son regard qui brillait d’intelligence, incroyable, j’avais le sentiment que nous nous comprenions !!!
Je me souviens de ce diner, de ce massage puis de ce couché passé sous leurs regards empreints de saine curiosité. Pour une fois l’œil du touriste avait changé de camp !
Je me souviens de cette nuit durant laquelle je n’ai pas dormi, de cette télé anachronique diffusant une musique étrange et lancinante, de cet homme rentrant tardivement et discutant avec sa conjointe en oubliant totalement notre présence, de cet enfant pleurant et réconforté par une douce voix féminine, de ces chiens aboyant et de ces coqs dont l’horloge interne était manifestement mal réglée, de cette ampoule continuellement allumée au dessus de nos yeux. Et curieusement j’étais bien, véritablement heureux de vivre chaque seconde écoulée et de m’en imprégner.
Je me souviens étant sorti durant la nuit, de ce ciel aussi extraordinaire qu’en Lybie et de cette étoile filante qui me faisait un signe.
Je me souviens de nos bains dans la rivière, de nos rires, de ces moments de plénitude.
Je me souviens de la descente du Mékong, de la tranquillité et de la sérénité qui se dégageait de nous. D’aucuns lisaient, somnolaient, dessinaient, admiraient le spectacle qui se déroulait tout autour. C’est beau ces petits moments d’éternité.
Je me souviens de ce moinillon, de ce novice avec lequel j’ai échangé quelques mots en anglais et de cette poignée de main par laquelle nous avons scellé cette éphémère amitié.
Je me souviens de ces moments d’intimité partagés avec chacun puis de cette joyeuse équipée qui se retrouvait afin de partager ces moments de grâce.
Parfois ce Laos je me demande si je ne l’ai pas rêvé ? Et pourtant ces souvenirs sont si présents en moi que tout ceci et bien d’autres moments ont sans doute du être bien réels, alors merci, merci à la chance de l’avoir vécu.


Martine et Gilles s'envoient en l'air ...

Lorsque, discutant un jour avec des collègues de bureau je leur dis que je ne ferais jamais de saut à l’élastique mais que par contre, je serais tenté par le saut en parachute. Je ne me doutais pas qu’à l’occasion de mon départ en préretraite en Juillet 2007, ces derniers se souviendraient de ce propos et m’offriraient l’occasion de vivre cette expérience.
Très surpris par ce présent, j’étais à la fois ravi mais je l’avoue un peu stressé à l’idée de concrétiser ce cadeau. Martine, ayant elle depuis longtemps l’envie de faire cette expérience, nous décidons de sauter ensemble. Les circonstances faisant, ce n’est qu’en début 2008 que je reprends contact avec le centre de parachutisme de Brienne le Château (Club réputé retenu par les collègues 
http://www.cps-brienne.com/ ). Nous prenons R.V. pour le samedi 23 Février mais le temps étant incertain dans cette période hivernale, nous convenons de leur téléphoner la veille afin de savoir si les prévisions météo seront bonnes. Pas de chance, vendredi 22 la météo est encore aléatoire, il faudra retéléphoner samedi matin.
Nous sommes samedi, je me lève assez tôt, et dès 9h je téléphone à Brienne (le temps est gris sur Paris et je pense que c’est cuit pour aujourd’hui). Réponse de l’accueil de Brienne « on annonce grand beau temps, vous pouvez venir ». A ce moment c’est à la fois la joie et l’appréhension qui m’envahissent. Allez ! Quand faut y aller, faut y aller ! Je réveille Martine et lui annonce la nouvelle, c‘est le grand jour. Vite préparés, nous prenons la route direction Troyes. Le temps s’éclairci effectivement rapidement. Après 2 bonnes heures de route, nous sommes sur Troyes mais le temps se couvre à nouveau. Enfin nous trouvons facilement Brienne et son aérodrome.
L’accueil est encore fermé, nous nous adressons donc au bar et la charmante jeune femme qui nous reçoit nous conseille très vivement de manger avant le saut (mais de ne pas boire de bière). Aussitôt dit, aussitôt fait, poisson pour Martine, coq au vin pour moi, c’est très simple mais très bon. Nous sommes pratiquement seuls dans la salle mais l’ambiance est très conviviale. Dès le café bu, nous nous dirigeons vers l’accueil pour les formalités (certificat médical, coordonnées, etc.). Dès notre sotie de l’accueil un moniteur se présente. Il s’appelle Yvan et se propose de nous expliquer comment le saut va se dérouler, ce que nous devrons faire et surtout ne pas faire. Il est pro, souriant, rassurant. Le temps étant toujours couvert il nous dit qu’il faut attendre. Nous lui expliquons qu’en attendant, nous voudrions en profiter pour visiter Brienne, il est OK mais prend mon numéro de portable nous expliquant que dès qu’une éclaircie se présente il faudra en profiter pour décoller rapidement. Bien compris, nous reprenons la voiture, un œil toujours orienté vers le ciel. A peine arrivés à Brienne, coup de fil, c’est Yvan, il fau revenir, l’éclaircie se dessine. A notre retour nous attendons encore un quart d’heure puis Yvan annonce, « c’est OK on y va, c’est Gilles qui saute en premier ».
Yvan m’harnache (au sens propre du terme puisqu’il me fait enfiler un harnais) et nous nous dirigeons vers l’avion. Un dernier bisou à martine (on ne sait jamais) et je ne retrouve dans un petit avion. Nous somme 8 ou 9 serrés les un contre les autres mais je suis le seul à sauter en tandem. Décollage, à 700 mètres nous passons la couche de nuages, à 1500 mètres Yvan précise que c’est à cette altitude qu’il ouvrira le parachute. Je me sens relativement bien, on est au dessus des nuages, c’est beau comme en montagne. A 3000 mètres, Yvan serre le harnais, je m’assois tant bien que mal sur ses genoux, il me rappelle la façon dont nous allons sortir de l’avion, les autres parachutistes finissent de s’équiper, casques, lunettes, la pression commence à monter. A 3800 mètres tous le monde se souhaite bon vol, puis plus personne ne parle, je les sens tous concentré. 4000 mètres, la porte s’ouvre, je sens le froid pénétrer l’appareil. 4300 mètres, le pilote donne l’autorisation de sauter. En quelques secondes 2, 3,4 puis 5 parachutistes ont quitté l’appareil. Je m’aperçois qu’il ne reste plus dans l’avion que Nedj le cameraman, Yvan et moi. Très vite Yvan ne dit « en position », je quitte le banc, je passe la porte, les pieds et le corps dans le vide, sourire (crispé) à la caméra et c’est parti !!!
Là, c’est le grand choc, le froid, le bruit, le vent, le cœur qui se soulève, quelle montée d’adrénaline ! Mes mains tiennent les sangles du harnais (consignes obligent), çà va vite, très vite (300 km/h) au bout de quelques secondes yvan envoie le ralentisseur, nous ne sommes plus qu’à 220km/h…. Yvan me fait signe (comme convenu) d’écarter les bras, ça y est, je ne tombe plus, je vole !!! C’est géant, je souri à la caméra, quel pied !!! Encore quelques secondes et yvan me fait signe (toujours comme convenu) qu’il va ouvrir le parachute. Là, ça secoue fort, on freine brusquement et on se retrouve pendu au parachute alors qu’une seconde avant on était allongé sur l’air. A présent c’est le silence qui est impressionnant, j’en profite pour essayer de reprendre mon souffle, les quelques secondes précédentes ont été ‘viriles ‘ . J’admire le paysage. C’est beau, c’est grandiose. Yvan peux à présent me parler. Il me montre les lacs puis me dit de prendre les sangles permettant de diriger le parachute. Je tire à gauche et nous voici entrain d’effectuer une ronde, un coup à droite et c’est reparti dans l’autre sens, c’est super. Mais nous nous rapprochons du sol, Yvan me désigne la piste, il me fait répéter la position d’atterrissage, jambes pliées, talons en avant (comme en skie dans la poudreuse, m’a t’il précisé) Il me rappelle que dès que l’on touche le sol il faudra se mettre à courir. Ca y est le sol se rapproche rapidement, jambes fléchies, talons devant, contact, coures ! coures ! me crie yvan, c’est bon ! Retour sur la terre ferme, c’était génial. Yvan me congratule, je le remercie ainsi que Nedj le caméraman, je suis très heureux.
Maintenant c’est au tour de martine, je décide de ne rien lui dévoiler de mes sensations afin que nous les partagions ensemble après, alors à toi, martine.
Enfin, après 4 heures de patiente mon tour arrive. Je pensais être avec Yvan mais c’est Patrice qui va voler avec moi, Yvan tiendra la caméra. Patrice est sympa et rassurant. Bien harnachée, nous nous dirigeons vers l’avion. Première surprise, la marche est haute et le harnais me gène pour grimper dans l’avion. Patrice m’aide à me hisser et nous nous asseyons à califourchon sur un petit banc. Un autre passager s’installe …. sur une de mes cuisses aie ! aie ! aie !, il est lourd ! 8 ou 9 personnes dans la carlingue, la promiscuité est grande. Non seulement mon voisin est lourd, mais il bouge et s’appuie sur ma deuxième cuisse. Je ne pensais pas être amenée à faire un jour un vol dans cette position confortable coincée entre deux hommes les jambes complètement écartées … Patrice est là pour me rassurer et répète tout le temps que dure le vol (12 mn pour atteindre 4000 m) les gestes à effectuer dès l’ouverture de la porte. Un à un chacun saute et mon tour arrive. Je m’accroche à mon harnais et assis les pieds dans le vide, la tête sur l’épaule de Patrice c’est le grand saut. Le bruit du moteur a étouffé mon cri de surprise. .. C’est époustouflant, on tourne dans tous les sens, le vent souffle fort on se croit dans un manège. Mais bientôt la voile est déployée et c’est le moment extraordinaire ou l’on plane dans les airs, dans un silence absolu. Nous traversons des nuages, apercevons les lacs et l’aérodrome. Yvan nous fait des signes. Nous nous balançons dans les airs. C’est génial. Mais la terre approche. Patrice m’invite à plier les genoux pour atterrir mais je ne parviens pas à courir et c’est la chute sur les genoux (en douceur). C’est déjà fini ! C’est avec regret que nous quittons l’aérodrome après avoir salué Yvan et Patrice et avec le rêve secret de revenir un jour.
E X T R A O R D I N A I R E